Editorial 2021 |
du bulletin de la Société des Amis des Monuments Rouennais : • Bien triste année : d’un confinement à l’autre, notre programme 2020-21, pourtant réorganisé à partir de novembre dans le respect des règles sanitaires, n’a pu être mis en oeuvre, les salles de conférences ou les musées étant à nouveau fermés et les rassemblements à l’extérieur devant se limiter à six personnes… Si quelques sociétés savantes ont pu recourir aux visio-conférences, ce pis-aller ne nous a pas paru possible vu le nombre de nos adhérents, loin d’être tous en mesure d’en bénéficier, et vu surtout l’extrême diversité des choix exprimés lors de leur inscription. Internet nous a cependant permis de tenir de façon «distancielle» l’Assemblée générale annuelle, avec une participation très honorable, ainsi que de consulter plusieurs fois par le même moyen notre Conseil d’administration. Il nous a semblé souhaitable enfin d’adresser à tous nos membres les comptes rendus de notre Commission de sauvegarde, preuve s’il en est que les AMR sont toujours actifs et restent vigilants … • • • Les contraintes sanitaires qui entravent la vie associative ne nous empêchent pas de suivre heurs ou malheurs du patrimoine de Rouen et de ses environs. Au titre des satisfactions, réjouissons-nous surtout de l’achèvement, un temps retardé par la pandémie, du travail exemplaire mené à l’Aître Saint-Maclou, fort bien présenté dans une publication dont on trouvera le compte rendu dans ce numéro. Notons aussi, plus modestement, la restauration-modèle d’une maison à pans de bois à l’angle des rues Bouvreuil et Beffroy, avec un essentage dans les règles de l’art ; ou encore le renouveau de l’église Saint-Godard, illuminée à l’intérieur par des projections laser de fresques de Giotto et ranimée par l’ouverture de son portail sud (dont les belles boiseries mériteraient entretien) sur la nouvelle place dite «du Chêne rouge». Rue du Donjon, une bonne reconstruction de la maison néo-gothique aide à la transition visuelle entre la vieille Tour médiévale et le moderne (et volumineux) hôtel Radisson Blu. Dans la chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul du choeur de la cathédrale, le retable du Grand Saint Romain a été restauré. Et n’oublions pas la réfection en cours des toitures de l’église Saint-Vivien, qui en avaient grand besoin. • • On suit naturellement avec intérêt la poursuite des travaux sur la flèche de la cathédrale dont l’emballage, certes peu esthétique, monte progressivement, laissant espérer un prochain achèvement. Il en va de même pour le grand chantier ouvert par la MATMUT à l’ex-école normale de jeunes filles, dont on nous promet la fin pour 2022, avec un hôtel 4 étoiles et un ensemble de bureaux. Des restaurations importantes mais combien nécessaires sont enfin engagées sur l’abbatiale Saint-Ouen, dont le coût devrait dépasser 20 millions d’euros. Dans la banlieue, une promenade piétonne de 14 km est envisagée au bord du Cailly, tandis qu’à Darnétal, une association cherche à sauver la belle église désaffectée Saint-Pierre de Carville. A Bonsecours, une autre se préoccupe de préserver l’environnement encore semirural de la basilique, laquelle fait l’objet d’un diagnostic en vue de nécessaires travaux sur ses voûtes ou sur son décor peint. Signalons la jolie brochure très illustrée qui vient de paraître, grâce aux AMR, sur ce premier exemple en France d’église entièrement néogothique. • S’il y a donc lieu, ici de se réjouir ou, là, d’espérer, d’autres points suscitent des inquiétudes. Le remaniement de l’ancien Palais des Consuls, outre la perte d’éléments de son beau décor intérieur, va occulter la vue qu’il laissait depuis le quai sur la cathédrale. Au Cimetière Monumental, la dégradation se poursuit ou s’aggrave : dans l’allée la plus prestigieuse, celle qui va du tombeau de Verdrel à celui de Boieldieu, pas moins de 18 chapelles historiques sont à l’abandon, portes ouvertes. Souhaitons que la Commission des cimetières, qu’avait animée Guy Pessiot avec maints résultats tangibles, retrouve toute son activité et son efficacité. Le débat sur le contournement Est a mis en évidence le cas du manoir de la Chapelle, à Oissel, ensemble médiéval avec puits classé. Si ce contournement doit un jour se faire, ne pourrait-il, légèrement décalé, épargner ce site historique ? Enfin, revenant à Rouen, et plus précisément rue de la Rochefoucauld, l’ajournement du très regrettable projet d’immeuble contigu à l’église Saint-Romain, qui en est au deuxième renouvellement de son permis de construire, dans un contexte guère favorable à des constructions de bureaux, ne devrait-il pas inciter la Ville à y mettre un terme ? L’équipe municipale s’est fait élire en promettant de «végétaliser» Rouen et Paris-Normandie (15 mai 2021) en fait même sa «une». Or, mieux que de maigres plates-bandes palissadées au fil des trottoirs ou que d’improbables potagers sur l’avenue Pasteur, un espace vert bien aménagé entre l’église – dont, bonne nouvelle, serait en cours le classement au titre des Monuments historiques - et la place de la gare, exprimant l’abandon d’une politique de bétonisation de l’espace urbain, n’en serait-il pas le plus probant témoignage, tant pour les Rouennais que pour tous ceux qui viennent visiter notre ville ? Jean-Pierre CHALINE • • Deux sites en débat : - --- |