encore un exil pour Napoléon ?

l’avis des A.M.R.

municipales• 11 septembre 2020 : les Rouennais, dans leur journal, découvrent en 1ère page le projet, annoncé la veille par leur nouveau maire : remplacer la statue de Napoléon …
CD/JPC

deboulonnage… qui depuis plus d’un siècle et demi se dressait devant l’hôtel de ville mais qui est actuellement déposée pour restauration, par celle d’une femme, et de préférence celle d’une militante féministe. Simple proposition, dans sa présentation de nos Journées du Patrimoine « et du Matrimoine », nous dit-on, qui devrait faire l’objet d’une « consultation citoyenne».

avant• Pendant huit jours, la presse locale en fera ses choux gras, inspirant notamment l’amusant dessin, dans Côté Rouen 16-22 septembre, du subtil caricaturiste Chaunu, que nous nous permettons de reproduire. L’opposition municipale, mais aussi, à Paris, l’influente Fondation Napoléon exprimeront leur total désaccord.

calder• Sans entrer dans des querelles politiques ni s’engager dans un bonapartisme d’un autre âge, les A.M.R., attentifs par vocation au patrimoine artistique de notre ville, ne pouvaient rester muets dans ce tohu-bohu. Dès le 12 septembre, une lettre adressée à M. Mayer-Rossignol, maire et président de la Métropole, lui a exprimé le point de vue unanime de notre Bureau, que nous explicitons ici (voir BAMR 2020 p.72, 74 à 76).

• A savoir que s’il nous paraît légitime de souhaiter ériger à Rouen une statue nouvelle honorant une femme (et bien des noms viennent à l’esprit), les emplacements ne manquent pas pour la mettre en valeur : par exemple l’allée Eugène-Delacroix, l’esplanade Marcel-Duchamp d’où partira bientôt l’œuvre de Calder ; à la place du XXL dont la déconstruction est annoncée ; ou pourquoi pas rive gauche, près du « 108 », siège de la Métropole.

xxl• En revanche, profiter de son envoi en restauration pour chasser la statue de Napoléon de la place d’honneur pour laquelle elle a été conçue et où elle s’intègre mieux que toute autre par son style et par son ampleur nous paraît non seulement comme une faute artistique mais plus encore comme une satisfaction donnée aux tenants du déboulonnage qui avaient commencé à en taguer le socle. Le patrimoine ne saurait être un simple enjeu dans une relecture polémique de notre histoire et, quoi qu’on puisse lui reprocher, Napoléon reste un personnage incontournable et de notoriété plus que nationale. Notons qu’à Cherbourg, où se dresse une autre statue équestre de l’empereur, jamais le maire Bernard Cazeneuve n’a imaginé de profiter de sa réfection en 2015 pour ne pas la remettre en place. 108Rappelons aussi qu’à Rouen, en 1882, le maire Louis Ricard, bien que de gauche, ne donna pas suite à la demande d’un de ses amis politiques de remplacer la statue par un « monument républicain ». Ajouterons-nous que le déplacement envisagé - nouvel exil ! -, vers l’Île Lacroix, serait bien mal venu alors qu’on va partout commémorer dans quelques mois le bicentenaire de la mort de l’empereur ?

• En bref, ce projet nous paraît s’écarter des engagements patrimoniaux exprimés lors de la campagne municipale, dont on pourra relire la teneur dans notre Bulletin, p. 74 à 76. Et notre sentiment profond est qu’en ces temps si graves de crise sanitaire et économique, les Rouennais sont en attente d’autre chose que d’un débat sur l’éventuel déménagement de leur statue de Napoléon.

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